N° 7 Janvier 1997

 

L'UCAPE : Quel dynamisme, déjà !

 

La rencontre de Bruxelles, les 15 et 16 novembre 1996, a donné l'occasion de constater que le projet de l'UCAPE était bien porteur d'initiatives concrètes.

L'essentiel de ce temps d'échange, auquel participaient 25 établissements, soit une quarantaine de personnes, était articulé autour de la relation d'expériences menées dans des collèges et des lycées. C'est bien de ce qui est vécu sur le terrain, des activités menées avec les élèves dont il a été question. Nous étions loin des colloques pompeux et onéreux, parfois utiles, où se succèdent des spécialistes tellement déconnectés de la réalité qu'il est difficile de voir comment la théorie pourrait passer dans la pratique.

 

Le sérieux et la diversité des expériences communiquées permettent au moins deux remarques :

   d'une part, le canevas proposé par l’UCAPE permet bien aux équipes éducatives d'avoir des initiatives variées de qualité. Ce constat donne raison à l'UCAPE qui a choisi de faire confiance aux établissements (état d'esprit plus commun en Belgique qu'en France). La qualité éducative ne se décrète pas.

   d'autre part, les établissements présents s'emploient à trouver les moyens de vaincre les inévitables contraintes et difficultés qu'entraîne le choix d'inscrire la dimension européenne de manière régulière et structurée dans un projet pédagogique, avec bien peu d'aides extérieures.

 

Aussi convaincus que soient les participants de la nécessité pour les éducateurs de prendre l'Europe en compte, nul doute que l'ambiance amicale qui a présidé à ces moments d'échange les aura réconfortés.

Ces liens personnels qui se nouent lors de telles occasions constituent un autre aspect des objectifs de l'UCAPE qui encourage une formation européenne « à visage humain ».

 

A l'année prochaine !

A tous, bon courage pour maintenir cette qualité de formation. Puisse-t-elle, en cette année 1997, que je vous souhaite propice, devenir contagieuse pour que plus d'élèves encore bénéficient de telles initiatives !

 

André Pignol


La rencontre de Bruxelles 15 et 16 novembre 1996

 

Ce qu'il est impossible de faire partager

 

En période de grève en France, des participants qui ont pris de justesse un train à Paris et qui ont expérimenté les transports en commun de Bruxelles pour rallier le point de rencontre, auraient pu avoir l'esprit chagrin. Même pas ! C'est dire que l'ambiance était agréable et que personne ne souhaitait gâcher le bénéfice de ce temps de travail.

Le dîner en commun, pour une majorité des participants, au cœur de Bruxelles, pour informel que soit tout repas, a permis des connaissances dans un climat détendu. Il est à noter que le choix d'un vendredi après-midi et d'un samedi matin autorise ce temps de convivialité sans amputer le temps de travail. C'est un progrès par rapport aux réunions des années précédentes qui étaient programmées sur une seule journée. Cette formule, qui permet même de poursuivre le week-end sur place, sera reconduite à l'avenir.

Les documents qui ont été transmis avec les demandes de DEC ou ceux apportés spécialement par les participants ont pu être consultés sur place. L'occasion est ainsi fournie de prendre connaissance des rapports de stages ou des dossiers variés réalisés dans le cadre de l'UCC Connaissance de l'Europe. Cette variété est assez impressionnante tant par la diversité des thèmes abordés que par la qualité du travail. Le secrétariat général publiera, dans un prochain Point-Info de l'UCAPE, une liste de ces sujets classés par thèmes, dont les participants ont reçu un exemplaire.

 

Les interventions :

 

L'enseignement catholique francophone en Belgique et l’Europe

Par Madame Simone BARTHEL, Responsable de la Cellule Europe de l'Enseignement Catholique Belge Francophone.

 

La présentation de Madame Barthel comportait deux parties : une présentation de l'enseignement en Belgique et des réflexions sur l'Europe. L'ampleur du sujet aurait nécessité au moins une demi-journée. L'intervenante a su, en un laps de temps assez limité et avec une compétence du sujet, apporter des informations et des réflexions dont ne seront retenues que les principales.

 

Dans un pays où cohabitent trois communautés, le centralisme est nettement moins lourd qu'en France. La constitution reconnaît la liberté et l'égalité des réseaux d'enseignement qui, sous toute ses formes est gratuit. L'Enseignement Catholique scolarise plus de 50% des élèves. Le choix des familles est possible car il n'y a pas de carte scolaire. La neutralité, vécue comme une laïcité positive, n'exclut pas 2 heures de cours par semaine de religion ou de morale.

Le Secrétariat Général de l'Enseignement Catholique est habilité pour faire des propositions de programmes (les Français croyaient rêver !). L'enseignement privé étant financé en fonction du nombre exact d'élèves, il existe une concurrence importante dont on peut signaler les aspects positifs.

En effet, cette situation, qui ouvre un champ d'autonomie assez vaste, incite les établissements à réfléchir sur leur projet d'établissement et à mettre en oeuvre des pédagogies spécifiques.

Est-ce parce que l'UCAPE a son siège social à Bruxelles que son projet pédagogique s'inspire de la souplesse des échelons de décision et de la confiance faite aux établissements dont on remarque l'existence en Belgique ? C'est en tout cas le rapprochement que les participants n'ont pas manqué de faire.

 

Le premier bénéfice de la citoyenneté européenne, c'est de retrouver sa propre identité. Avoir à présenter sa ville, son village, sa région, à de jeunes étrangers, c'est bien souvent engager une découverte de notre lieu de vie avec ses richesses naturelles ou ses musées, ses habitudes, ses coutumes, ses richesses économiques... L'avantage de l'Europe est donc de nous faire prendre conscience de notre identité, même locale, même simple. Il n'est pas nécessaire d'habiter une capitale pour faire partager ce que l'on vit. Cette redécouverte est essentielle pour les personnes.

Faut-il à tout prix comparer ou essayer de comprendre ? Ainsi, la victoire d'un pays sera une défaite pour un autre. On peut comparer pour comprendre, par exemple les manuels scolaires pour voir comment les mêmes questions sont présentées et l'importance qui leur est accordée.

 

Partout, ou presque, les pays d'Europe réforment leur système scolaire. Chercher à connaître les différences des systèmes scolaires au travers de l'Europe peut donner des idées d'adaptation, sans qu'il soit possible de les transposer dans la mesure où ces systèmes diffèrent en fonction de multiples facteurs qui découlent d'un contexte particulier. Les pratiques des différents pays peuvent se confronter mais non se copier.

On peut schématiser en divisant l'Europe en trois zones sur le plan de la philosophie de la scolarité.

Les pays du nord privilégient le groupe. On ne redouble pas. Le même groupe d'élèves vit avec les mêmes enseignants durant l'obligation scolaire. Les cours fondamentaux comportent les arts plastiques et la santé. Le but est d'apprendre à vivre ensemble. A ce rythme, un professeur peut n'avoir que trois groupes d'élèves dans sa carrière ! Il s'agit de professeurs qui sont aussi éducateurs. En visite dans une classe française, une enseignante danoise faisait remarquer à l'institutrice qu'une de ses élèves devait avoir des problèmes car elle se rongeait les ongles.

Dans les pays du centre de l'Europe (Allemagne, Pays-Bas, Suisse), l'importance est portée sur l'orientation. Il s'agit de choisir assez rapidement une voie de réussite. Le milieu social risque de fortement influencer ce choix.

Dans les pays du sud, parmi lesquels il faut situer la France, c'est la quantité des connaissances qui est privilégiée. L'échec scolaire est devenu un élément « normal ».

Malgré ces variantes, rapidement décrites, tous les pays, ou presque, sont engagés dans la massification du secondaire, ce qui entraîne des difficultés dans tous les systèmes face à cette démocratisation.

Partout aussi, l'attente des parents qui ont moins d'enfants est importante et bien souvent déçue. Cela conduit à l'allongement de la scolarité et à la spécialisation des formations. Est-ce nécessaire ?

Concernant les enseignants, une question se pose. N'y aurait-il pas intérêt à favoriser (comment ?) la mobilité des professeurs ? Ne doivent-ils pas, eux qui sont stables, former des jeunes mobiles !

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